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18 février 2015

USA : près de 10 % des vétérinaires en « détresse psychologique sérieuse »

par Vincent Dedet

Etat dépressifs et idées de suicides sont plus fréquents chez les vétérinaires américains qu'en population générale (dessin d'A. Franquin, crédit Audie)

Plus de 10 000 vétérinaires américains ont répondu à un questionnaire sur leur santé psychologique. Les proportions de ceux en détresse psychologique, comme de ceux ayant des idées suicidaires sont supérieures à celles en population générale. Les femmes sont plus concernées.

 
Etat dépressifs et idées de suicides sont plus fréquents chez les vétérinaires américains qu'en population générale (dessin d'A. Franquin, crédit Audie)
 

Une enquête auprès de vétérinaires dans 49 des états américains (plus Porto Rico), réalisée à l’automne 2014, demandait aux participants de fournir des détails sur « leur expérience de la dépression et des comportements suicidaires ». Les auteurs indiquent qu’en 4 mois, le site web où le questionnaire était disponible a été renseigné par 10 254 vétérinaires, soit 10 % des praticiens en exercice États-Unis. C’est un taux honorable pour une enquête en ligne, même si les auteurs estiment qu’il s’agit d’un « faible nombre » de vétérinaires. Conduite par les services de santé publique des USA (entre autres le Centre pour le contrôle des maladies, CDC), cette enquête a été publiée le 13 février, soit moins de 4 mois après la clôture de l’accès au questionnaire.

Echelle de Kessler 6

Plus du quart des répondants (28,8 %) étaient dans la tranche des 30-39 ans. Les femmes représentaient plus des deux tiers des répondants (68,7 %). Un tiers déclarait exercer la médecine vétérinaire depuis moins de 10 ans et un cinquième depuis plus de 30 ans. Plus des deux tiers exerçaient en canine (68,8 %) et plus du tiers étaient propriétaires de leur structure (37,8 %). Les questions posées faisaient référence à l’échelle de détresse psychologique Kessler 6 (www.veterans.gc.ca/fra/formulaires/document/419). Leur analyse montre que 6,8 % des répondants et 10,9 % des répondantes étaient « en état de détresse psychologique sérieuse ». Les auteurs rapportent ces chiffres à ceux de la population générale des USA, où les proportions sont alors de 3,5 et 4,4 %, respectivement. La proportion de répondants déclarant qu’ils ont connu des épisodes dépressifs depuis la fin de leurs études vétérinaires, et celle de répondants déclarant avoir eu des idées suicidaires sont nettement supérieures à celles observées en population générale (voir le tableau).


 

Proportion de répondants dans l'enquête vétérinaire de 2014, au regard des données collectées par le CDC en population générale aux USA.

 

Quatre fois plus de suicides

Si les proportions de vétérinaires déclarant avoir effectué une tentative de suicide sont moindres qu’en population générale, les auteurs retiennent que « près d’un vétérinaire américain sur 10 pourrait souffrir d’une détresse psychologique sérieuse, et plus d’un sur six pourrait avoir eu des idées suicidaires depuis la fin de ses études ». Ils en appellent à des enquêtes sur le sujet auprès d’une population représentative des vétérinaires, visant à identifier des méthodes de prévention efficaces des comportements suicidaires. Le sujet n’est pas anecdotique : le même phénomène a été noté dans une étude antérieure aux USA, mais aussi en Australie et en Norvège. Une revue des données scientifiques et statistiques disponibles, publiée en 2010, indiquait que les vétérinaires anglais « ont une proportion de mort par suicide au regard de la totalité des causes de mortalité quatre fois plus élevée qu’en population générale, et deux fois plus élevée que les autres professions de santé ». Parmi le schéma conceptuel que ces auteurs britanniques ont ébauché figurent l’accès aux moyens de se donner la mort, le stress lié au travail, les attitudes vis-à-vis de la mort et de l’euthanasie, la « contagion » des idées suicidaires, mais aussi ces facteurs cognitifs et liés à la personnalité… Une liste d’actions proposant des solutions a été publiée (voir la 3e référence dans “en savoir plus”), et certaines ont été mises en œuvre outre-Manche. Ainsi, un service d’écoute (par téléphone mais aussi par courriel), animé par des bénévoles formés est disponible 24/24h pour les vétérinaires, les ASV, les étudiants et « quelque membre de leur famille ou leurs collègues préoccupés par un membre de [la profession] » (www.vetlife.org.uk/about-us/vet-helpline).